Engager les apprenants avec la réalité virtuelle


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Leslie Ahern, itslearning

Le collège Rothaugen à Bergen, en Norvège, utilise la plateforme d’apprentissage itslearning depuis plus de 20 ans. Terje Pedersen – l’un des enseignants les plus innovants que j’ai rencontrés – y enseigne depuis environ 14 ans. Terje est toujours à l’affût, prêt à tester et découvrir les dernières fonctionnalités d’itslearning. Ça faisait longtemps que je n’avais pas échangé avec lui, alors j’ai décidé de prendre de ses nouvelles pour qu’il me fasse part de ses dernières trouvailles. En voici le résumé…

Laboratoire d’apprentissage du futur

L’année dernière, Terje et ses collègues enseignants ont transformé la plus grande salle de classe de leur établissement en un espace qu’ils appellent le laboratoire d’apprentissage du futur. La salle comprend des coins pour le jeu, pour la réalisation de podcasts ou de vidéos, pour la réalité virtuelle et plus encore. Son but est d’explorer de nouvelles stratégies d’enseignement et de permettre aux élèves de faire preuve de créativité grâce à la technologie.

Ce LAB est également mis à la disposition des autres établissements du secteur et de la région. Pour réduire les freins chez certains des enseignants se sentant moins expérimentés, Terje et ses collègues s’assurent que l’espace peut être utilisé sans beaucoup de prérequis ou de préparation. L’équipement est déjà mis en place, les connexions et les plans de travail y sont facilement disponibles.

Terje Pedersen, enseignantau collège de Rothaugen

Réalité virtuelle

L’établissement a investi dans des casques de réalité virtuelle (ou casque VR) sans fil Oculus Quest, qui ne nécessitent pas de PC surpuissant pour fonctionner. Les utilisateurs ont accès à des logiciels open source qui leur permettent de communiquer avec des personnes n’importe où dans le monde, comme s’ils se trouvaient au même endroit physiquement. Terje utilise d’ailleurs ce logiciel pour développer des cours attrayants, dynamiques et créer des expériences d’apprentissage riches pour ses élèves. Par exemple, sa classe peut interagir avec des personnes d’autres pays pour apprendre des langues étrangères et découvrir d’autres cultures, comme le démontre cette vidéo :

« La réalité virtuelle est un excellent outil d’apprentissage, car il vous plonge dans un monde virtuel où tout est possible – vous pouvez regarder autour, et surtout, interagir avec tout – ce qui rend l’expérience amusante, agréable certes mais favorise aussi un apprentissage plus durable et plus efficace. Dans l’ensemble, c’est du gagnant-gagnant aussi bien pour les enseignants que pour les élèves. C’est selon moi, un excellent outil pour apprendre, que chaque établissement devrait utiliser. »

Gabriel Ray, collégien ayant expérimenté le dispositif

Le collège Rothaugen collabore actuellement avec le Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour déterminer si la réalité virtuelle et la gamification peuvent aider à accroître conscience de soi face au racisme et la discrimination. Il travaillera également avec l’Université d’Oxford pour créer une salle virtuelle d’échanges dans laquelle les enseignants et les professeurs peuvent discuter des effets de la réalité virtuelle (RV) et d’autres stratégies pédagogiques.

Des interviews surprenantes

Les classes de Terje interviewent des personnes utilisant la RV et la vidéoconférence. Entre autres, ils ont interviewé un journaliste de la Nouvelle-Orléans, un ancien policier de Chicago et un homme qui a été condamné à mort en Alabama (mais plus tard libéré). Terje explique: « Les interviews en RV sont étranges au début parce que vous êtes dans une pièce comme un avatar, de sorte que vous avez l’impression de faire partie d’un dessin animé. Au début, les élèves sont un peu distraits et se focalisent plus sur l’espace et sur le fait de pouvoir se déplacer plus que sur l’entrevue en elle-même – mais après un certain temps, ils s’y sont habitués et se recentrent sur les objectifs.»

Au cours de leurs interviews, ils abordent des sujets d’actualités tels que Black Lives Matter, l’élection américaine (voir leur visite de la Maison Blanche en RV), le coronavirus et les « fake news ». L’une des expériences qui a fait la plus grande impression sur les élèves a été de rencontrer des mineurs détenus d’une prison de Miami. Les apprenants norvégiens s’attendaient à ce que les prisonniers soient des « gangsters » prototypiques comme ceux des films qu’ils avaient vus, mais ils ont découvert qu’ils étaient en fait des enfants normaux, comme eux, partageants les mêmes intérêts. La seule différence était qu’ils avaient été incarcérés pour des faits qui ne seraient probablement même pas considérés comme de graves infractions en Norvège. La réunion a amené d’ailleurs les élèves à sympathiser avec les jeunes pentionnaires de l’établissement pénitentiaire.

Gamification

Alors qu’elle étudie les peuples autochtones des Amériques, la classe de Terje lit aussi des récits historiques de la Piste des Larmes et de la Bataille du Genou Blessé. En outre, ils jouent à un jeu vidéo appelé This Land is my Land (Cette terre est la mienne). Moi qui entends souvent parler d’enseignants qui utilisent des jeux dans leurs classes, je me demande ce que les élèves apprennent au final grâce à la gamification. C’est donc l’occasion pour moi d’en savoir plus. Ainsi, dans le jeu en question, les élèves assurent le rôle des Nord-Américains autochtones du XIXe siècle – pour chasser, cultiver et interagir avec les colons blancs qui se rapprochent de plus en plus de leurs terres. Une partie du but du jeu est de négocier pacifiquement plutôt que d’entrer en conflit et de donner ou prendre une vie. Car en effet, si les élèves finissent par nuire à un colon, ils doivent présenter des excuses aux parents de la victime… De cette expérience, j’ai constaté que le jeu développait un lien nouveau avec l’écriture et leur donnait une expérience plus personnelle des choix que les peuples autochtones ont été forcés de faire pour survivre.

Avec tout cela, j’ai mentionné à Terje que mon fils de 14 ans aimerait bien faire partie de sa classe, vu que l’école de mon fils n’utilise pas le jeu ou la réalité virtuelle. Mais Terje a tempéré et a répondu: « Les enseignants devraient enseigner avec la manière avec laquelle ils se sentent à l’aise. Certes, j’essaie différents outils et supports mais parfois je réussis et parfois pas. Mais pour autant, je pense qu’il est important d’échouer aussi. Je n’ai pas vraiment peur d’échouer, même si cela m’agace quand cela m’arrive bien sûr. Bref, je considère qu’il est important d’essayer de nouvelles choses.»

Je l’avoue, j’aimerais qu’il y ait plus d’enseignants comme Terje!

N’hésitez pas à suivre les aventures de sa classe sur Twitter : @terjepe

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